Maigret à New-York (Georges Simenon)

Publié le par Cthulie-la-Mignonne

Une enquête du commissaire Maigret qui m'a quelque peu décontenancée, vu qu'elle ne cadrait pas bien avec les romans que j'avais lus, plus sombres, beaucoup plus tristes, voire plus sordides : Le Pendu de Saint-Pholien, Le Chien jaune, Le Corps sans tête. Sans compter les épisodes de la série avec Jean Richard des années 70-80 - c'est étonnant comme je fais appel régulièrement ces temps-ci aux références des feuilletons de ma jeunesse. Je me souviens donc également de l'épisode du Fou de Bergerac, que j'avais trouvé à l'époque assez lugubre et qui m'avait quelque peu traumatisée. Et dire que la génération de mes parents trouvait que les animes japonais étaient violents, alors qu'on tremblait de peur devant L'Île aux Trente cercueils !

 

 

Mais passons. Ici, bien que le roman date de 1947, Maigret est bizarrement à la retraite, mais on sait qu'Agatha Christie a elle aussi effectué des voyages temporels avec Hercule Poirot. Il est surtout confronté à une histoire qui semble d'emblée très étrange : un jeune homme s'inquiète sérieusement pour la sécurité de son père qui vit à New York, et sitôt après l'avoir embarqué dans un voyage pour l'Amérique, il disparaît à l'arrivée au port. L'intérêt de l'enquête, au-delà d'un sentiment bizarre qui atteint aussi bien Maigret que les lecteurs, va vite se porter sur la découverte de New York et de la culture américaine. Ceci bien que, comme l'a fait judicieusement remarquer Meps dans sa critique sur Babelio, l'ancien commissaire retrouve très rapidement ses marques, qui ressemblent à celles de sa vie en France. Et on le verra s'agacer régulièrement devant les manières du capitaine O'Brien, dont l'ironie et sa façon de toujours introduire des sous-entendus dans la conversation ne sont pas toujours au goût de Maigret, d'ailleurs pas souvent de très bonne humeur.

 

 

Quant à l'enquête, qui porte maintenant sur la disparition du jeune homme susmentionné, elle conserve un bon moment son caractère étrange ; on va vite comprendre que tout est lié à une histoire qui remonte à loin, sans très bien saisir ce qui cloche. Et puis les choses vont s'éclaircir, un peu, pas beaucoup, pour qu'enfin Maigret comprenne d'un coup d'un seul, ce qui n'est pas forcément très crédible, comment toutes les pièces du puzzle se mettent en place. Tout ça est censé provoquer de l'empathie pour un des personnages qui a tout de même pas mal de choses sur la conscience et un mobile assez affligeant, ce dont je ne vois pas du tout l'intérêt, sinon que Maigret lui accorde sa sympathie. J'avais vu Maigret empreint d'empathie pour des criminels, ou pour d'autres personnages, et on comprenait la raison cette empathie ; mais là, on se demande bien quel mouche le pique.

 

 

Il m'a semblé que c'était la vision d'une New York soit riche, clinquante, voire artificielle, soit déshéritée et crasseuse, qui avait amené Simenon à écrire ce roman. Et on sent comme son ombre derrière un Maigret désabusé qui se fiche d'embrasser du regard la ville et de profiter de son pittoresque lorsqu’il débarque...

 

 

 

 

Publié dans Littérature

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