Warren 13 - Livre I : L’œil-qui-voit-tout (Tania del Rio / Will Staehle)

Publié le par Cthulie-la-Mignonne

Quand je pense que je faisais tout le temps la difficile dès que j'avais terminé un livre il n'y pas si longtemps que ça, traînant pendant des heures devant mes étagères (il faut savoir que j'ai des centaines de livres chez moi, mais inutile d'essayer de venir me cambrioler, je suis tout le temps chez moi, armée jusqu'aux dents) et devant les livres empruntés à la bibliothèque, en prenant un, le reposant en pensant "Ah non, pas celui-ci, j'ai vraiiiiiiiiment pas envie en ce moment". Puis même jeu avec un second, puis un troisième, puis un quatrième, puis un cinquième, puis... Etc, etc. Enfin, tout début avril, alors que j'avais beaucoup de mal à me concentrer pour lire, je redécouvre ce livre narrant les aventures de Warren13. Depuis, je n'arrête pas de déloger des livres de mes étagères et du coin réservé aux livres de la bibliothèque municipale, voulant tout lire à la fois. Merci à Warren 13 : grâce à cet étrange petit personnage (et aussi parce que j'ai arrêté d'écouter les infos vingt fois par jour, je pense que ça compte un peu), je suis devenue une dame raisonnable. Mais toujours aussi rigolote (nan parce que si je précise pas ça, vous lirez pas la critique, je vous connais. Vous m'obligez même à faire de l'humour avec Eschyle - ce qui n'est pas un piètre exploit, je le reconnais volontiers, mais qui s'avère également un sacrilège.)

 

 

Qu'est-ce donc que cet objet qui s'intitule Warren 13, livre I : L’œil-qui-voit-tout ? Une bande dessinée ? Non. C'est ce que j'ai cru lorsque j'ai vu passer le titre dans une masse critique de Babelio, il y a bien longtemps, mais je m'étais fourvoyée. Est-ce donc un album jeunesse ? Non plus. L'appellation "roman jeunesse illustré" est ce qui conviendrait le mieux, je pense, à cet objet hétéroclite, qu'on peut tout aussi bien ranger dans la case des "beaux livres" (même si ça ne veut pas toujours dire grand-chose). Bien qu'il s'agisse bien là d'un roman, le soin apporté au graphisme est assez rare pour qu'on le mentionne. Car je ne parle pas uniquement des dessins, mais de tout le livre, de la couverture, des pages de transition, de l'utilisation de phrases en mode graphique insérées dans le reste du texte, et qui en font intégralement partie. Mais évidemment, aussi, des dessins qui rappellent les gravures à l'ancienne tout en s'en affranchissant. Ce roman illustré est un modèle du genre. Tout en rouge et noir (celui qui me parle de Jeanne Mas en commentaire sera bloqué définitivement). D'ailleurs, y'a du blanc, aussi, hein (ah, on fait moins les malins, là !)

 

 

Mais plongeons dans l'antre du Warren. Car le Warren, c'est un hôtel, pensé, conçu et fondé par un homme du nom de Warren, Warren 1, et par son fils, Warren 2. Un hôtel qui recèle peut-être (probablement) un secret. Nous, lecteurs, arrivons à l'époque de Warren 13, qui, n'ayant pas atteint sa majorité, loin s'en faut, ne peut prétendre à la succession de son défunt père. C'est un petit garçon à la superbe chevelure blonde, tel un prince de conte de fées, et au visage de crapaud... ben oui, là aussi, tel un prince de conte de fées. Donc, étant donné le jeune âge de Warren, l'hôtel est géré par son oncle Raoul. Qui passe son temps à dormir. L'hôtel somptueux qui brillait de mille feux et accueillait moult clients pleins de fric a donc sombré dans le délabrement... Tiens, c'est marrant, ça me fait vaguement penser à un roman qui raconte l'histoire d'un hôtel maléfique... Qu'est-ce que ça peut être ? Non vraiment, je trouve pas, c'est sûrement mon imagination qui me jour des tours.

 

 

Comme ma subtilité légendaire n'a d'égale que la vôtre, vous aurez compris que Will Staehle, l'illustrateur mais aussi le cerveau à l'origine du livre, s'est amusé avec sa comparse Tania del Rio, qui elle a écrit le texte, à jouer avec les codes de plusieurs genres. Mais ce qui saute aux yeux, c'est la filiation avec Tim Burton, qu'il est impossible de pas nommer, et avec tout... Là, je dois faire une pause, d'abord parce que je ne trouve pas mes mots, ensuite parce qu'il se trouve que j'ai à la fois très soif et très envie d 'aller aux toilettes. [Un temps. Il est possible d'écouter de la musique durant la pause, quelque chose comme Kong de Bonobo, histoire de se relaxer et de ne pas tomber à bras raccourcis sur l'auteur de cette critique lorsqu'elle entrera à nouveau en scène, tel un gros crétin face à une caissière de supermarché.] Me revoilà !!! Je disais donc que ce roman (vous vous vous souvenez de quoi on parle, au fait ?) est assez typique de tout un ensemble d’œuvres qui ont fleuri ces quinze ou vingt dernières années, dans le sillage des films et séries d'animation de Tim Burton (mais on peut aussi penser aux adaptations cinématographiques de La Famille Adams), dans plusieurs types de médias dont la littérature jeunesse, parfois avec bonheur, parfois ne se révélant que de piètres épigones. Bref, on a vu s'épanouir pléthore d’œuvres baignant dans une atmosphère gothique, morbide, mais non dénuées d'humour. Les aventures de Warren 13 s'inscrivent clairement dans cette tendance, et ça pourrait en effrayer plus d'un, fatigué du genre. Pour ma part, je trouve que Warren 13 s'en sort bien, et je trouve ce roman tout aussi réussi que les deux premiers tomes de la série BD Billy Brouillard, par exemple, que j'ai lus il y a quelques mois.

 

 

Je ne dévoilera rien de l'histoire, car c'est ce qui fait le sel du roman. Aventures, mystères, personnages hors du commun, science-fiction (eh oui!) sont les éléments d'une intrigue qui, si elle démarre un peu lentement, accroche de plus en plus le lecteur au fur et à mesure qu'elle se dévoile. Plus vous avancerez dans le livre, plus les événements s'enchaîneront rapidement et vous voudrez absolument connaître la fin - qui vaut largement le coup. Si j'ai eu quelques réticences au départ (sans doute dues à mon humeur du moment), Warren 13, ses amis et ses ennemis les ont balayées d'un revers de main, d'arme magique ou de tentacule. D'ailleurs, c'est à noter car rare dans mon cas, je me suis vraiment prise d'amitié pour les personnages. C'est une lecture que je conseille vivement à un lectorat d'une dizaine d'années et évidemment à leurs parents, mais aussi à tout public curieux et amateur, comme moi, de littérature jeunesse.

 

 

Ça coûte 14,90 euros, donc évidemment plus cher qu'un roman en poche (mais pas tant que ça, finalement), et ça vaut le coup vu le soin apporté à la conception du livre. J'ai vu des livres jeunesse parfaitement insipides beaucoup plus chers que ça ! Surtout que celui-ci fait plus de 200 pages, donc y'a de quoi occuper un jeune lecteur un petit moment. Et pour ceux qui n'ont pas les moyens de l'acheter, car j'ai conscience que tout le monde ne peut pas mettre 14,90 euros dans un seul livre, essayez de vous le procurer d'occasion (c'est ce que j'ai fait), ou, mieux, de le faire acquérir par votre bibliothèque municipale ou départementale si elle ne le possède pas déjà, ce qui permettra à plein de jeunes lecteurs d'en profiter !

 

 

Publié dans Littérature, Jeunesse

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