Remise de peine (Patrick Modiano)

Publié le par Cthulie-la-Mignonne

Après mon premier Modiano, j'en ai lu un second, puis un troisième, puis... Passons. Ce que je veux dire, c'est qu'après avoir lu plusieurs de ses œuvres, j'ai cette impression diffuse qu'il faudrait presque tout lire, ou du moins une grande partie de ce qu'il a écrit, pour bien approcher l'auteur, qu'il faudrait connaître l'ensemble pour aborder un seul élément de cet ensemble jouant sur des infinités de variations. Mais bon, il faut bien commencer quelque part, et me voilà partie pour Remise de peine, un roman de 1988, après L'Horizon.

 

 

J'ai trouvé très touchante cette histoire d'un homme revenant sur un épisode de son enfance qui semble avoir constitué à la fois un traumatisme et un souvenir à chérir. C'est surtout la recherche - encore et toujours - d'un passé envolé, et c'est d'autant plus émouvant qu'on sait que ce roman est en grande partie autobiographique et que le frère de Patoche / Patrick Modiano, mourra quelques temps plus tard.

 

Les parents de Patoche et de son frère - on notera que le prénom du petit frère n'est jamais donné - se sont débarrassés d'eux en les confiant à des amis, qui forment une famille de substitution assez marginale, tournant autour de trois femmes. Or, cette famille cache des secrets. Patoche surprend des pleurs, entend des paroles dont il ne comprend pas le sens, voit son entourage aller et venir dans une atmosphère curieuse. On a l'impression que les deux enfants se sentent bien avec leur nouvelle famille, mais que celle-ci semble receler quelque chose de corrompu, qu'elle est comme infectée.

 

 

J'ai apprécié que cette histoire, sur laquelle Patrick Modiano reviendra plus précisément dans son roman Un Pedigree, ne soit qu'esquissée, dans le ton sobre qui est devenu au fil des années celui de l'auteur. On ressent un chagrin sans appel, une nostalgie qui ne prendra jamais fin, mais tout en délicatesse et pudeur.

 

 

Patoche, devenu adulte, vagabondera inutilement à la recherche de cette période de sa vie. Vous aurez compris que ce roman est un roman - eh oui, encore ! - de la mémoire. Avec l'écriture se reconstruisent de façon imparfaite, morcelée, quelques mois de la vie d'un enfant à qui on a jamais rien expliqué et qui tente encore et toujours de comprendre ce que signifient ces moments perdus.

 

 

Publié dans Littérature

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