Six personnages en quête d'auteur (Luigi Pirandello)

Publié le par Stéphanie

Arf... Pourquoi, mais pourquoi m’obstine-je à lire du Pirandello ? Deux pièces en deux mois, et je ne peux déjà plus le voir en peinture.

Ai-je besoin de rappeler l'argument de Six personnages en quête d'auteur, pièce où surgissent, au milieu d'une répétition, des personnages (forcément) qui réclament un statut, un vie, que leur a refusés leur auteur ? Après les avoir nonchalamment créés, il les a tout aussi nonchalamment laissés traîner dans ses tiroirs et les voilà en mal d'existence, réclamant à corps et à cris qu'un directeur de théâtre raconte enfin leur histoire.

Pour la petite histoire, Pirandello avait effectivement esquissé des personnages pour une nouvelle, dont l'histoire lui parut finalement peu intéressante. Ce sont ces personnages qu'il a donc réutilisés pour une pièce censée relever du métathéâtre (car la vie trouve toujours un chemin, comme chacun le sait). De là une réflexion qui touche finalement plus au processus de création littéraire qu'uniquement au théâtre. Malheureusement, et ce n'est pas nouveau chez Pirandello, tout le questionnement proposé par le truchement des fameux personnages s'enlise dans les bavardages, les répétitions, les déclarations un rien pompeuses sur la réalité de ce qu'ils vivent (puisqu'ils se considèrent comme vivants et qu'ils sont bien là, sur scène, même si le directeur commence par leur dénier toute réalité), la trahison de l'interprétation, la fonction de l'auteur, la frontière entre fiction et réalité. Pire, c'est prétentieux, car bien moins profond que ce que l'on veut nous faire accroire. Le sujet n'est finalement qu'effleuré. Le début, notamment, où l'on voit le directeur se disputer avec ses acteur et déclarer que ce n'est pas de sa faute s'il est obligé de monter une pièce de Pirandello faute de mieux, m'a particulièrement agacée : avait-on vraiment besoin de voir Pirandello se pavaner et régler ses comptes avec les critiques de l'époque ?

D'autant que ses personnages, abandonnés une première fois, eh ben, il n'en fait pas grand-chose. Il ne les utilise que pour les faire pérorer encore et toujours, mais ne s'y intéresse guère - les pauvres n'ont décidément pas de chance. C'est un peu comme si Shakespeare s'était limité aux passages sur le théâtre dans le théâtre dans Le songe d'une nuit d'été...

Ça reste une pièce à connaître dans le cadre de l'histoire du théâtre et du métathéâtre, dans un but purement pédagogique. Quant à l'intérêt même de la pièce, il reste très limité.

Pour ma part, je pensais faire un tour d'horizon du théâtre de Pirandello avant de m'attaquer à s a dernière pièce : je ne pouvais donc pas éviter celle-ci. Mais je flanche déjà. Je vais donc directement passer aux Géants de la montagne, en espérant une bonne surprise.

 

 

Publié dans Littérature, Théâtre

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