Dada n°202 : Gauguin

Publié le par Stéphanie MAYADE

Dada n°202 : Gauguin

Lorsqu'on ouvre une revue qui a pris pour intitulé "Dada", on s'attend à quelque chose d'assez déjanté, ou du moins décalé. Hélas, ce numéro m'a révélé un magazine terriblement conventionnel, avec une maquette affreuse, comportant des titres à la police imitant celles des comics et truffés de jeux de mots ringards. S'y ajoutent une débauche de taches de couleurs à chaque page, qui met bien à mal les reproductions de Gauguin et fatigue le lecteur, ainsi que des illustrations, insérées entre chaque article, donnant également dans la surenchère visuelle. Tout ça, j'imagine, dans l'espoir de faire "jeune". Ben c'est raté, les gars : on a rarement vu maquette plus vieillotte. Ça, c'est pour la forme. Côté contenu, c'est tout aussi décevant. Un ton nunuche, voire condescendant, pour une approche des plus traditionnelles de l'histoire de l'art : courte biographie ennuyeuse pour commencer, suivie de vagues tentatives de monographies tout aussi ennuyeuses. Pour faire passer la pilule, on insère des points d'exclamations toutes les trois ou quatre phrases ; là aussi, je suppose, dans l'espoir de faire "jeune". Le problème, quand on s'attaque à la conception d'une revue spécialisée dans l'initiation à l'histoire de l'art, c'est qu'il faut travailler la question de la pédagogie. J'aurais pu comprendre que des passionnés qui se seraient lancés un peu vite dans l'aventure se soient sentis dépassés par cet aspect du travail de journaliste. Mais la revue Dada a de longues années derrière elle et se targue de l'appui d'un comité pédagogique. Ce comité n'a sans doute jamais entendu parler de constructivisme ou de pédagogie inductive. En résulte un inventaire de cours magistraux de la pire manière (les cours magistraux, ça peut être tout à fait passionnant), auxquels on a ajouté une bande dessinée et deux pages de soi-disant ateliers pratiques, histoire de varier l'approche pédagogique. Ça n'était pourtant pas difficile de se montrer un brin inventif. De commencer, par exemple, par l'analyse de deux ou trois tableaux de Gauguin (en incitant les lecteurs à réfléchir et à travailler leur sens de l'analyse ; car oui, les enfants et les ados sont capables de réfléchir), puis de travailler le thème, si important chez Gauguin, du primitivisme, pour terminer sur une biographie/monographie plus traditionnelle, histoire de synthétiser l'ensemble. Or, s'il est question de primitivisme dans ce numéro (le terme est employé dans tous les articles), le concept n'est ni développé, ni explicité. Il est d'ailleurs fait utilisation d'une pléthore de termes techniques, comme "aplats", "en frise", "touche", etc., dont on ne donne jamais la définition et que des non-initiés auront donc du mal à appréhender. On peut d'ailleurs se demander à qui s'adresse Dada. A vouloir plaire à tout le monde, des enfants à partir de 6 ans jusqu’aux adultes non-initiés, en passant par les adolescents, je crois surtout qu'on ne s'adresse en définitive à personne. Bref, pour conclure, cette revue, c'est : 1) tout ce que je déteste en matière de conception graphique 2) tout ce que je déteste en matière de pédagogie.

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