L'amant militaire (Carlo Goldoni, 1751)

Publié le par Stéphanie MAYADE

Comme le précise Michel Corvin dans son Dictionnaire encyclopédique du théâtre, Goldoni a écrit plus de cent comédies (sans compter les livrets et les tragi-comédies), et pourtant, on n'a retenu de lui de nos jours que quelques titres qui sont lus et joués. L'Amant miliaire, pièce de 1751, ne fait pas partie des plus célèbres, mais elle est tout de même un peu connue puisqu'elle a été traduite en français. Et elle est bien caractéristique du renouveau de la comédie italienne qu'avait engagé Goldoni.

 

 

L'action se situe au moment de la guerre de succession d'Autriche (du mois ça ressemble fort à la guerre de succession d'Autriche), à laquelle participèrent les Espagnols, juste avant que ce soit conclu un traité de paix. Les personnages sont donc des bourgeois ou des domestiques italiens, et des militaires espagnols logeant chez lesdits bourgeois italiens. La jeune Rosaura s'est entichée de Don Alonze (qui le lui rend bien), enseigne espagnol qui habite chez le père de Rosaura, Pantalon. Ils veulent se marier, mais voilà, Rosaura est terrifiée à l'idée que Don Alonze meure à la guerre. Lui n'est pas plus inquiet que ça, d'ailleurs aucun militaire ne l'est tellement : on s'intéresse davantage aux femmes, à la boisson et aux cartes qu'à la guerre.

 

 

L'intrigue n'est pas très importante, ce sont les personnages et les dialogues qui donnent tout son sel à la pièce. On s'inquiète, on s'évanouit, on fait le fanfaron, on se bat en duel, on veut se marier ou au contraire échapper au mariage, on s'engage étourdiment dans l'armée pour se prendre aussitôt des coups de bâton (ah, les coups de bâton, voilà un élément du théâtre talien sur lequel on peut compter !), on part mourir à la guerre, on doit être fusillé pour désertion, on revient de la guerre sans avoir combattu ni vu un quelconque ennemi, on s'inquiète encore, on pleure, on cherche à se venger d'un infidèle...

 

 

À peu près toute la gamme des péripéties de la comédie italienne est présente, déclinée à l'envi, mais revigorée. Les personnages-types comme Pantalon et Arlequin ne sont plus des types mais des hommes, certes dotés de caractères marqués. Pantalon est d'ailleurs un père bienveillant, si Arlequin, lui est un grand naïf (sa fiancée utilise le terme "idiot", en fait). Je précise que Goldoni avait d'ailleurs laissé tomber les masques traditionnels pour les acteurs, ce qui était déjà un pas vers un nouveau type de comédie.

 

 

Il faudrait citer pléthore de répliques pour faire comprendre combien la pièce est drôle. Elle est rythmée, servie par des personnages tous bien pensés, tous parfaits dans leur rôle. Elle regorge de dialogues qui s'enchaînent sans temps mort - à part une petite baisse de régime lors d'un dialogue entre les deux principaux amoureux, mais c'est de courte durée. C'est savoureux, goûtez-y !

 

 

 

 

Publié dans Théâtre, Littérature

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