Le cœur perdu des automates (Daniel H. Wilson)

Publié le par Stéphanie MAYADE

J'aurais laissé tomber ce roman si je ne m'étais pas sentie le devoir de le terminer : je crois bien que c'est moi qui l'ai fait acheter par la bibliothèque municipale. Comme les titres de SFFF manquent cruellement, ils acceptent à peu près toutes mes propositions, mais j'ai comme l'impression que je me plante pas loin d'une fois sur deux. Les dieux soient loués, je leur ai fait acheter l'intégrale Clark Ashton Smith et l'intégrale de Terremer, ceci rattrape par conséquent cela.

 

 

Passons rapidement sur "Est-ce du steampunk ou n'est-ce pas du steampunk ?" : c'est de l'enrobage steampunk, mais y' pas de mal à ça , il n'y a pas mensonge commercial. Disons que ça s'apparente à un livre comme L'alchimie de la pierre (en pas bien). Voyons donc plutôt de près les questions "Est-ce intéressant ?" et "Est-ce bien écrit ?" (auxquelles vous avez déjà un début de réponse) : Non. Et non. Le style est d'une platitude navrante, et c'est sensible même via la traduction - et il me semble que la traduction n'arrange rien, car des erreurs grammaticales basiques sont présentes dans le texte en français. Enfin ça, malheureusement, on y est de plus en plus habitués. Bon, et c'est bien gentil d'alterner, de façon complètement systématique, deux époques temporelles (un chapitre aujourd'hui, un chapitre dans le passé, un chapitre aujourd'hui, un chapitre dans le passé, un chapitre... Vous avez saisi le concept), mais ça n'apporte rien, sinon un tempo terriblement monotone. Bref.

 

 

L'histoire est d'une platitude tout aussi pénible que le texte. C'est pas vraiment qu'il ne se passe rien - quoique, quand on y songe... -, c'est surtout que, quoiqu'il se passe, c'est ennuyeux, creux et sans saveur. Cette histoire d'automates, on voudrait bien qu'il en ressorte quelque chose, mais que dire ? Voilà, c'est un automate qui ne sait pas d'où il vient, et qui sert un tsar, puis un roi anglais, qui passe de guerre en guerre, et bon voilà. Il ne s'intéresse même pas à son passé, en fait il ne s'intéresse à rien. Sa sœur automate, si, mais l'auteur s'est arrangé pour qu'on suive uniquement les pérégrinations idiotes de son idiot de frère. Et quand il apprend des trucs, il n'en fait rien. C'est dire comme l'histoire de sa vie est passionnante. À côté de ça, on a une chercheuse censée être spécialisée en automates, censé être très intelligente (du moins le pense-t-elle), mais qui ne fait pas grand-chose à part se laisser porter par les événements, événements sans grand intérêt. Du coup, on attend d'apprendre quelle est l'histoire des automates pendant en gros 350 pages. On a bien appris deux ou trois trucs toutes les 100 pages, ce qui fait peu, et restent donc 50 pages pour comprendre - bien que ce soit dit à mots couverts, mais pas très subtilement - qui a créé les automates. Pourquoi, on sait même pas. Par conséquent, soit l'auteur n'avait pas assez d'imagination pour aller plus loin, soit il va falloir se taper 400 pages de plus pour connaître la suite. Et là, je le dis tout net, IL N'EN EST PAS QUESTION.

 

 

Comme si ça ne suffisait pas que ce ne soit pas intéressant, c'est parsemé d'incohérences. Le pire, c'est sans doute qu'une scientifique arrive à tuer un automate qui vaut largement un T-1000 (bon, peut-être seulement un T-800, ça peut se discuter), à l'aide d'une technologie dont tout ce qu'elle connaît, c'est qu'elle sert à réparer les automates, et dont elle ne sait absolument pas se servir. Mais allez, c'est bon, elle enfile des gants magiques, elle ajoute un coup de lance pour le finir, et zou ! Adieu Robert Patrick, Arnold Schwarzenegger et autres Rutger Hauer !!! Ajoutons à cela que cette scientifique extrêmement intelligente (elle prétend pouvoir comprendre ce qu'ont pas compris je ne sais combien de scientifiques en je ne sais combien d'années, alors qu'elle connaît strictement rien à la véritable histoire des automates, c'est pas la modestie qui l'étouffe, ni d'ailleurs la lucidité), ne comprend pas les trucs les plus simples qu'on lui dit. Par exemple, quand elle apprend que deux automates étaient liés et complémentaires, que l'équilibre a été rompu à cause de leur séparation, et alors que notre scientifique sait déjà que le symbole d'un des deux automates est une goutte d'eau avec un point à l'intérieur... Eh ben elle met plus de 100 pages à percuter que... oh, mais, oui, dites-donc, ne serait-ce pas le fameux principe du yin et du yang, han la la ?!?!?! (ce que les lecteurs avaient compris du premier coup, sans même avoir de dessin sous les yeux) Bon, je sais pas vous, mais les personnages stupides que les auteurs feignants cherchent à faire passer pour des génies, ça me tape sur les nerfs (l'auteur feignant susmentionné nous est présenté comme un spécialiste de la robotique et de l'intelligence artificielle, soit dit en passant). Bref, ce ne sont que deux exemples, car les incohérences grandes et petites sont multiples dans ce roman. Et quand c'est pas incohérent, cette histoire d'une poignée d'automates qui s’entre-tuent au fil des siècles ressemble bizarrement au premier film et à la série Highlander...

 

 

C'est bien simple, je n'ai tenu jusqu'au bout qu'en imaginant Michelle Yeoh dans la peau d'un des personnages (je suis fan de l'Empereur dans Star Trek Discovery). Et maintenant, je prends une décision ferme : j'arrête de me faire avoir dès qu'il est question d'une histoire d'automate. Ah mais !!!



 

Publié dans Littérature

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