La traversée de l'hiver (Yasmina Reza)

Publié le par Stéphanie M.

Bon, je vais faire court, pour une fois. Enfin, autant que faire se peut... La traversée de l'hiver est une des premières pièces de Yasmina Reza, qui met en scène des personnages sexagénaires et trentenaires, au mois de septembre, dans un hôtel en Suisse, et affichant tous une mélancolie qui ne peut échapper au lecteur le moins attentif.

 

 

J'ai eu l’impression que Yasmina Reza se prenait pour Tchekhov. Pour le coup, c'est du sous-sous-Tchekhov, avec une cuillerée de Schnitzler en sus. Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas une grande fan de Tchekhov. Mais enfin, il avait un but, cherchait une nouvelle forme de théâtre, travaillait ses personnages, parlait de sujets qui lui tenaient à cœur et qui relevaient à la fois de son époque et d'une certaine universalité. Ici, voilà, A est amoureux de B qui est amoureuse de C qui est amoureux de D, tandis que E est amoureux de F qui n'est amoureuse de personne. Tout le monde traîne son mal-être. Et ? Et rien. Parce que si c'est pour dire que chacun passe à côté de sa vie, ou essaie de vivre sa vie à sa façon sans y arriver, eh bien tout ça a déjà été dit, écrit, filmé, des tas de fois, et bien mieux que par Yasmina Reza. Ça manque de finesse, ça manque de réflexion sur le théâtre, c'est creux. Je ne dirais même pas que c'est ennuyeux. Disons que c'est plutôt comme suivre des conversations de gens qui sont à côté de vous et dont vous écoutez vaguement les propos parce que vous êtes en train d'attendre le bus et que vous vous emmerdez.
 


La cerise sur le gâteau, ce sont les moqueries sur les gens qui jouent au scrabble et les nombreuses références prétentieuses sur la musique classique - je n'ai d'ailleurs pas saisi si ces dernières relevaient également de la moquerie, ou si Reza voulait juste en mettre plein la vue au lecteur/spectateur. Et je m'en fous.
 


Seules deux ou trois répliques concernant les relations familiales m'ont fait sourire, mais enfin, ça n'est pas spécialement subtil. Grosses révélations : les relations familiales, c'est pas simple, la vie, c'est pas toujours simple. Et bonjour la métaphore contenue dans le titre et les références au dit titre dans les répliques des personnages... Grotesque. J'aurais bien vu un bandeau rouge enrobant joliment le livre et annonçant : "TCHEKHOV, MAIS EN NUL".

 

 

 

 

Publié dans Littérature, Théâtre

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