Historia spécial n°27 : Les revenants

Publié le par Cthulie-la-Mignonne

Alléchante, cette couverture d'Historia ! Malheureusement, le contenu s'est révélé un rien décevant. Je ne me considérais pas (et je ne me considère toujours pas, d'ailleurs) comme une spécialiste des revenants, spectres, fantômes et autres morts-vivants. J'ai bien lu l'Histoire des maisons hantées de Stéphanie Sauget, mais je ne me suis toujours pas attaquée au Revenants de Jean-Claude Schmitt, ni même à Zombies de Raphaël Colson et Julien Bétan ou au Zombis de Philippe Charlier ; c'est dire si j'ai du retard sur tous ces sujets. Mais, à lire ce numéro spécial, je croirais presque être une exégète : car il faut bien l'avouer, j'ai peu appris. Si je reconnais que les articles sur l'Antiquité et le Moyen-âge sont tout à fait honorables, clairs, concis, intéressants, je pensais véritablement découvrir le sujet. Or, alors que je ne suis franchement pas calée en histoire antique et médiévale, j'étais plus ou moins au fait de ce qui s'est écrit dans ces pages. Pourtant, Jean-Claude Schmitt fait partie des auteurs, je m'attendais donc à quelque chose de plus étoffé. L'article sur les maisons hantées est tout aussi correct et colle bien aux travaux de Stéphanie Sauget. Je n'ai rien à redire non plus sur ceux consacrés à l'histoire des vampires ; la thèse du mâcheur de linceul comme proto-vampire m'était d'ailleurs tout à fait inconnue. Ça se gâte franchement quand Catherine Salles concocte un encart sur Erzsebet Bathory en collant à la légende et en se départant de toute rigueur scientifique. Oubliés les détails dérangeants, comme le fait qu'aucune mention à des bains de sang n'a été faite dans les procès-verbaux d'époque et qu'on a commencé à en parler... au XVIIIème siècle. Hum, hum, hum... Même chose pour ce qui concerne la Bête du Gévaudan : on ne s’intéresse qu'au mythe et on fait fi des travaux historiques et hypothèses actuels. Mais que fait, me direz-vous, la Bête du Gévaudan dans un numéro sur les revenants ? Je ne le sais pas moi-même ; on a cru bon d'insérer dans la revue une série d'articles sur les loups-garous. Le rapport avec les revenants m'échappe complètement. Pour couronner le tout, l'article qui traite de l'histoire des loups-garous est peu fiable : en gros, là où il y aurait eu témoignage d'une attaque de loup-garou, il faut y voir - systématiquement - une attaque de loups anthropophages. Il est bien connu que les loups anthropophages sont légion depuis la nuit des temps ; d'ailleurs j'en croise toujours un ou deux dans ma rue... Hum, hum, hum. Heureusement, le numéro se conclut avec un article de Philippe Charlier tout à fait intéressant sur les zombies, qui pointe le rapport entre le mythe et la pratique de l'esclavagisme à Haïti. Que dire d'autre ? Ah oui : Roger Faligot, qui explore les influences possibles de Bram Stoker pour son roman Dracula, oublie que l'écrivain a subi un très grand nombre de saignées pendant qu'il était alité, enfant ; sans vouloir faire de raccourci facile, il semble que ce soit peut-être à prendre en compte. Et pourquoi un article sur Vlad Tepes, qui, bien qu'il ait peut-être servi de modèle pour le personnage de Dracula, n'était pas, pour autant que je sache, un mort-vivant ? J'ajoute enfin que les articles sur les pistes scientifiques expliquant tel ou tel phénomène ne sont pas percutants et que les double-pages consacrées au cinéma se contentent de présenter en quelques lignes des films sur tel ou tel thème. Enfin, la maquette est à revoir et à moderniser. Les titres en bleu, rouge, violet sur du noir, ça ne passe pas du tout, c'est à peine si c'est lisible. Et il est bien dommage d'utiliser les superbes œuvres que sont Vampire de Munch et Trois femmes et trois loups de Grasset pour que le rendu soit moche, au final. Bref, le mélange entre articles sérieux et dignes d'intérêts et d'autres assez douteux ne plaide pas en la faveur d'Historia (revue que je ne lis jamais et que je ne connais donc pas). Les articles sont en outre trop courts, d'où le sentiment que les sujets sont plus effleurés que réellement développés. On aurait pu se passer allègrement du tralala autour des loups-garous, de Bathory et de Tepes, ça aurait permis d'étoffer le reste. La bibliographie elle-même est bien maigre... Un rendez-vous en partie manqué avec les revenants.

Publié dans Essai, Sciences

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