Mike Kelley - Centre Pompidou

Publié le par Cthulie-la-Mignonne

Mike Kelley - Centre Pompidou

 

Énorme problème avec cette rétrospective (que les critiques n'ont même pas noté) et qui me met carrément en colère : aucune traduction des titres, cartels et autres textes en américain. Hors, dans l’œuvre de Mike Kelley, les textes sont non seulement primordiaux, mais omniprésents. Par conséquent, un visiteur qui ne parle pas couramment américain, ce qui est mon cas, passe à côté d'une grande partie du travail de l'artiste. Mes félicitations, donc, à Sophie Duplaix, la commissaire d'exposition, qui, je le suppose, ne souhaite pas que l'art soit trop démocratique et s'est arrangée pour que le public non initié se sente à la fois complètement stupide et dégoûté. Ou comme moi, frustré et très énervé. Oui, mais bon, Mike Kelley, c'est pas connu du grand public, hein, et ce serait tellement idiot de donner l'occasion aux gens du commun d'élargir un peu leur horizon... On va quand même pas donner de la confiture à des cochons !

Bref, malgré cet obstacle non négligeable qui, non seulement entravait ma compréhension de l'exposition, mais m'avait rendue d'une humeur de chien, je me suis obstinée, car j'ai horreur de me sentir idiote. J'ai bien vite laissé tomber tout ce qui comprenait de longs textes truffés d'argot , ainsi que ce qui faisait référence à des mouvements artistiques que je ne connaissais pas bien, pour me concentrer sur ce que j'étais à peu près capable d'appréhender, à savoir un certain nombre d’œuvres sans texte, ainsi qu'une vidéo qui comprenait des dialogues suffisamment courts et simples pour que le sens ne m'en échappe pas.

 

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Ahh... Youth !

Ce que j'ai réussi à comprendre (du moins je l'espère), ce qui m'a intéressée et qui me paraît fondamental dans le travail de Mike Kelley, c'est toute une réflexion sur la jeunesse et, plus particulièrement, sur l'enfance, qui prend à contre-pied les idées reçues telles que " La jeunesse est le plus âge de la vie ", "Ah, vous les enfants, vous avez bien de la chance, vous n'avez pas de problèmes " et autres sottises et billevesées. Il traite ainsi, entre autres, du carcan éducatif, du rapport à la sexualité, des traumatismes de l'enfance. L’œuvre la plus ironique et la plus drôle sur ce thème est sans aucun doute Ahh... Youth ! ( Ahh... La jeunesse !) – que certains d'entre vous connaissent peut-être par le biais de la pochette de l'album Dirty de Sonic Youth – , série de huit photos où un Mike Kelley adolescent et marqué par l'acné côtoie sept peluches mignonnes mais usées. Dans le même ton, plusieurs travaux utilisant des peluches, mais dont le sens est moins immédiatement préhensible et pour lesquelles un peu de médiation n'aurait peut-être pas été superflue. D'autres œuvres, comme Blue plaid capp / Brown plaid boy, Plaid dialogue ou Virgin ont parfois un côté plus tragique (sans qu'il s'agisse pour autant de références autobiographiques, comme on pourrait le croire).

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Blue plaidecapp / Brown plaid boy

 

Il me semble que l’œuvre la plus emblématique de ce thème de la jeunesse est l’installation Horizontal Tracking Shot of a Cross Section of Trauma Rooms, présentée avant l'entrée de l'exposition - et que malheureusement beaucoup de gens ratent , comme j'ai moi-même failli le faire. Il s'agit en apparence d'un simple assemblage de panneaux colorés, qui masquent en fait trois écrans. Là, l'expression "envers du décor" prend tout son sens : sur les écrans, des extraits de vidéos très courts, tous donnant à voir des enfants dans des situations de la vie quotidienne mais faisant probablement référence à des traumatismes, sans pour autant éclairer le spectateur sur la nature de ces traumatismes, et bientôt effacés par l'apparition d'écrans colorés, puis faisant place à d'autres vidéos, et ainsi de suite. Cette installation censée être vue avant d'entrer à proprement parler dans l'espace d'expo, je l'ai en fait découverte en en sortant, et je pense que j'en ai d'autant mieux saisi l'importance et le sens. Une œuvre qui met mal à l'aise et qui donne à réfléchir sur l'enfance et ses blessures et au voile qu'on choisit de jeter parfois dessus – à l'image d'une bonne partie du travail de Mike Kelley.

 

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Plaid dialogue

 

Exposition Mike Kelley au Centre Pompidou (Paris 4ème)

Du 2 mai au 5 août 2013

 

 

Publié dans Arts plastiques

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