Mozart et Salieri (Alexandre Pouchkine)

Publié le par Cthulie-la-Mignonne

Évidemment, comme presque tout le monde, j'ai vu le film de Milos Forman, et Pouchkine vient de me donner l'envie de le revoir. Mais il se trouve aussi que j'ai vu la pièce dans les années 90, avec je crois deux autres pièces courtes de Pouchkine (je suis en tout cas sûre qu'il y avait Le convive de pierre), et je n'en ai gardé aucun souvenir - sinon que c'était au programme. Mais je crois me rappeler en revanche que l'équipe du festival de théâtre pour lequel je travaillais alors ne disait pas vraiment du bien de la mise en scène, ce qui était également le cas de certains de nos abonnés les plus assidus. Donc, j'ai probablement des excuses pour avoir presque rayé de ma mémoire cette expérience. D'autant que la pièce est loin d'être mauvaise ; d'ailleurs sans elle, Peter Shaffer n'aurait probablement pas écrite sa propre version, ni le scénario d'Amadeus.

 

 

La pièce de Pouchkine Mozart et Salieri, vous l'avez forcément deviné, c'est donc l'histoire de Salieri qui décide de tuer Mozart. Deux scènes, dont la première s'ouvre sur un monologue de Salieri qui clame haut et fort qu'il n'y a pas de justice, ni sur Terre ni aux cieux, et qui plonge à corps perdu dans sa haine, non pas d'un homme, mais de ce qu'il représente : le génie pur. Pendant dix-huit années il a supporté son dégoût de la vie, et sa vengeance est enfin mûre.

 

 

La pièce étant très courte, c'est sur les deux personnages qu'elle se concentre, Salieri l'emportant sur Mozart, qu'on voit peu. C'est Salieri ici le personnage par excellence - les monologues étant dévolus à lui seul -, renvoyant au Satan romantique, en cela qu'il se révolte contre l'ordre établi, un ordre divin qu'il ne veut ni ne peut supporter. Mozart, face à cet esprit tortueux, incarne le contraire : génie mais empli de simplicité, de légèreté, d'amour de la vie, d'amitié aussi pour son ennemi juré. Mozart crée, compose, ça lui suffit ; Salieri est imprégné d'une volonté de destruction depuis bien longtemps, y compris pour ses propres œuvres de jeunesse. Mais une fois le crime accompli, reste une question en suspens qui laissera Salieri complètement décontenancé ; ce que Peter Shaffer a développé pour en venir au superbe finale de sa pièce et du film de Forman.

 

 

Oui, mais... C'est très frustrant, tout ça ! C'est terriblement frustrant car terriblement court, et on aurait voulu voir la pièce un peu plus développée, par exemple lorsque Mozart évoque avec un certain malaise l'homme en noir venu lui commander un requiem... Par conséquent, la pièce nous fait découvrir un personnage et une intrigue qui nous accroche, pour mieux nous laisser tomber comme de vieilles crottes. Argh ! Argh ! Argh !

 

 

 

Publié dans Théâtre, Littérature

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