Le policier qui rit (Maj Sjöwall / Per Wahlöö)

Publié le par Cthulie-la-Mignonne

Je vais renchérir sur la critique de latina concernant la dernière masse critique Mauvais genres de Babelio : j'avais coché trois livres, et j'ai reçu celui que je voulais le moins, et même que je ne voulais plus du tout depuis que j'avais découvert qu'il 'était dans les collections de la bibliothèque municipale (ah ben oui, il aurait fallu que je vérifie ça avant de cocher bêtement tout et n'importe quoi, je suis bien d'accord avec vous). Donc, au départ, déception. Mais la suite de mon expérience s'est révélée plus enthousiasmante que celle de latina (ça lui apprendra à ne pas être assez sélective, et toc).

 

 

Parce que finalement, Le Policier qui rit, c'était tout à fait ce qu'il me fallait au bon moment. Bien entendu, l'histoire n'est pas d'une gaieté folle, mais c'était pour moi une lecture reposante, avec laquelle j'ai pris mon temps, ce qui s'adaptait par conséquent parfaitement au rythme du roman. Il se trouve par ailleurs que c'est ma quatrième enquête de Martin Beck. J'avais un très bon souvenir de Roseanna, d'une veine assez glauque, mais L'Homme au balcon (avec une intrigue glauque également) et La Chambre close m'avaient moins convaincue.

 

 

Ici, l'enquête se concentre sur un crime de masse : neuf personnes tuées dans un bus de nuit, avec probablement une arme de type mitraillette. Et parmi ces neuf personnes, un collègue de Martin Beck et de son équipe de la police criminelle. Pas d'indices, pas de témoignages, pas de pistes. Une enquête qui démarre mal, qui n'avance pas, qui se traîne.... Et qui est plus représentative des enquêtes de la police suédoise des années soixante ou de la police française d'aujourd'hui que dans bien des romans policiers. Et c'est tout l'intérêt du roman que de mettre en scène des policiers ordinaires (quoique bon, on en a quand même un doté d'une mémoire eidétique, ce qui est bien pratique), plus ou moins sympathiques selon les cas, plus ou moins doués. Qui travaillent en équipe avec plus ou moins de bonne volonté. Une équipe où chacun finit par se focaliser sur tel ou tel détail jusqu'à l'obsession, chacun de son côté.

 

 

Voilà ce qui fait tout le sel du roman de Maj Sjöwall et Per Walhlöö : une enquête pas très ordinaire étant donné le crime commis, et pourtant ordinaire par la façon dont elle est menée. On est bizarrement assez loin de la façon dont a évolué le roman policier scandinave, qui a beaucoup influencé les séries télé policières scandinaves (que généralement j'aime bien, par ailleurs) - séries qui nous balancent parfois, voire souvent, un twist à la fin de chaque épisode de chaque saison... Ce qu'on retrouve des deux côtés, en revanche, c'est l'atmosphère grisâtre, tristounette, qui est la marque de toute œuvre policière nordique qui se respecte, et que les habitués aiment à retrouver.

 

 

Ajoutons que, contrairement à d'autres romans des deux auteurs, celui-ci est marqué par pas mal d'humour, qui se fait moins présent au fur et à mesure que l'enquête se précise et prend un certain tournant. Un bon policier, donc, qui n'a pas vieilli, et qui se lit tout seul.

 

 

Juste un truc qui me titille carrément : pourquoi a-t-on traduit ce roman à partir de la version en anglais, et non de la version originale suédoise ???

 

 

 

 

Publié dans Littérature

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article